Raymond Queneau

Raymond Queneau poète, éd. Temps mêlés, 1985 : L’étrange volupté de la petite cosmogonie portative.

Raymond Queneau et/en son temps, éd. Temps mêlés, 1986 : Queneau, Bataille et la transgression.

Pleurire avec Queneau, éd. Temps mêlés, 1996 : Au commencement était le rire.

Raymond Queneau et les spectacles, éd. Noésis, Paris 2003-2004 : Terre coquette, Queneau captif.

Raymond Queneau et l’étranger, Sorbonne III éd. Calliopées, 2006 : L’excentricité de la petite cosmogonie portative. (4 de ces colloques ont analysé la Petite Cosmogonie par la méthode de L’étrange volupté de la mathématique littéraire).

Pour Monique Dorsel

Récemment :
N° 364, mars 2009 :
Pour Monique Dorsel.
Extrait :
C’est au théâtre-Poème que ça s’est passé, lieu mythique où tout arrive, où officie la blonde et inoubliable Monique Dorsel. Ce soir-là, je lui ai rappelé mon roman dubla ispita sau patimile dupa Alexis, paru en l’an 2000 sous mon nom, mais en langue roumaine (manière de pseudonyme) et que j’envisage de publier dans ma langue, mais… sous pseudonyme. Ce soir-là, je lui ai dit mes tergiversations, mes scrupules, mon manque de courage en somme pour en arriver, in fine, sous son amicale pression, à décider de publier ce roman sous mon nom. Aussi, je ne puis résister au plaisir de lui offrir un petit texte qui aurait paru dans le roman sous pseudonyme (sous X…), peau morte d’un lézard en mutation :

Isabel Ernest est mon pseudonyme. Moi, qui jusqu’ici ai répugné au pseudonyme, je me cache de ma famille car, je ne vous apprends rien, les familles n’aiment pas les écrivains. Elles épluchent chaque mot, la moindre virgule leur semble gonflée de sens, même si, comme c’est le cas pour Tentation, elles ne sont pour rien dans le roman. Pas l’ombre de mes proches. Un beau livre, c’est ma conviction intime, et nullement obscène. Un vrai roman de l’imaginaire mais qui pénètre les arcanes du désir. Désir, le mot est lâché, c’est ça, entre autres, que ne pardonnent pas les familles. Le désir en toute lettre, la mise à mot du désir et sa splendeur, c’est ça qu’on ne pardonne pas. Ce n’est pas tant de savoir si l’auteur a vécu ou pas vécu ceci ou cela, qui fait problème, c’est qu’il l’a écrit ! Ecrire les choses est la suprême transgression. Ecrire ces choses, sous son nom de surcroît, est le scandale. Comment ose-t-elle « Salir » notre nom ? pense la famille. « Tout ça » jeté sur la place publique, offert à la frénésie gourmande, « tout ça » avalé, digéré, transformé, métamorphosé, gonflé comme une montgolfière dans l’imaginaire du lecteur, « tout ça » qui, dès lors, dit cent fois plus que n’en dit l’auteur… Le mot, plus fort que la chose. Ah ! le pouvoir des mots ! Le pouvoir mystérieux de la littérature !
Je m’incline devant ce mystère, je ne salis pas mon nom, je prends un pseudonyme.
Devinez qui je suis.

  • Précédemment :
  • N° 154, mars 1986 : Le P.E.N. Club en effervescence
  • N° 155, 15 avril 1986 : Ce qui demeure du temps
  • N°157, octobre 1986 : Le look Jacques Antoine
  • N° 159, décembre 1986 : Guyette Lyr.
  • N° 160, janvier 1987 : travestissement et libertinage deux voyages au bout de la sexualité.
  • N° 166, novembre 1987 : le journal intime le contraire du narcissisme ? Présentation .
  • N° 169, septembre 1988 : des mots plein les yeux (sur la travestie d’Alain Roger)
  • N° 170, octobre 1988 : Dominique Rolin trente ans d’amour fou, lecture intégrale.
  • N° 175, avril 1989 : 20 ans de TXT, lecture intégrale de Commencement, Ch. Prigent.
  • N° 176, mai 1989 : L’illusion, colloque à Calaceité.
  • Mars 1990 entretien sur Rémission d’Alain Roger
  • N° 195, mai 1991 : Noésis éditions. Avec Didier Coste et Pierre Sylvain
  • N° 197, sept-oct 1991 : Didier Coste et Pierre Mertens.
  • N° 206, octobre 1992 : peut-on vivre sans illusions ? (Entretien).
  • N° 216, novembre 1993 : Gaëtan Brulotte.
  • N° 232, septembre 1995 : Lettres, fax et machettes.
  • Samedi 12 décembre 1998 :Maurice de Gandillac, entretien.
  • N° 285, novembre 2000 : La passion selon Alexis, avec Pierre de Boisdeffre.
  • Vendredi 14 décembre 2001 : Mémoire d’Hadrien (lecture intégrale)
  • 19 février 2002 : Jean Baudrillard (entretien)

Journaux de deux petite filles pendant la guerre.

Sous les plumes enfantines (Béatrice 12 ans en 1943 et Florence 11 ans), les bombardements, la peur, l’omniprésence des Allemands surgissent des mots. Le journal de Béatrice s’arrête brusquement le 27 janvier 1944 pour reprendre le 3 décembre. Mais un tas d’événements traversent cette année, que Florence relatera. C’est ainsi que, pour la cohérence du récit, j’ai décidé de publier le regard croisé de deux petites filles sur la guerre.

Ces fillettes portent un patronyme qu‘ont porté 4 sœurs : Flore, Zoé, Irénée, Amélie. De ces femmes, il reste des écrits. Leurs descendants écrivaient et écrivent : Octave Pirmez, fils d’Irénée, poète bien oublié, que Marguerite Yourcenar a sorti de l’ombre dans Souvenirs pieux, évoquant Rémo, le contestataire de la famille. Marguerite Yourcenar, elle, descend de Flore et de Zoé. Les petites filles, dont on lira ici les extraits, ont comme aïeule Amélie. Moi-même je descends de la dite Amélie. Ainsi fricotent à travers l’espace les gènes invisibles.

Des fragments de ces journaux ont paru dans Lydia, l’éclat de l’inachevé, éd. Michel de Maule, 2007.

Extrait

Journal de Béatrice
Jeudi 7 octobre 1943
Une nuit d’étoiles étincelantes mais sans lune, papa et moi regardons brûler une ferme du côté de Mondron tandis que des avions en masse passent pendant des heures, quel chambard, quel cauchemar ! Nous sommes allés sur la terrasse papa et moi : l’incendie brûlait toujours, les étoiles brillaient toujours, les avions passaient toujours. Au milieu de tout ce bruit, j’ai entendu un petit « miaou » plaintif, un chat que j’ai pris dans mes bras. Papa dit : « Ils doivent passer par milliers, c’est la RAF qui s’en va bombarder l’Allemagne. – Oh ! Oui, que je réponds, ils son bien nombreux, et regarde l’incendie, c’est un gros ! » A ce moment on entend un bruit de moteur différent : « Un chasseur, dit papa. – Alors, nous aurons une bataille ? demandai-je. – C’est possible, dit papa, mais il est temps d’aller dormir. »

Les moments littéraires, n° 15, 2006