Paris trompe l’oeil

Paris Trompe l’œil, des artistes dans la ville, (beau livre) en collaboration avec la photographe française Sophie Masson, éd. Somogy, Paris 2001.

Sophie Masson, photographe, puise son inspiration dans l’espace urbain. Depuis 1998, elle a arpenté les rues de Paris, détourné son regard de la froideur du bitume pour lever les yeux sur les façades, les palissades, les rideaux de fer. Elle découvre des murs peints, des graffitis, des trompe-l’œil, échappées de couleurs et de fantaisie, véritables œuvres d’art d’autant plus émouvantes qu’éphémères. Le texte d’Huguette de Broqueville apporte un éclairage particulier aux photographies. Elle nous livre une interprétation personnelle de ces images urbaines. Au lecteur d’inventer la sienne…

Extrait

L’œil des murs me regarde. Mon œil regarde les murs. L’efflorescence des couleurs, le vert criard des oies perdues, le rouge qui de sa fournaise éclipse l’enfer, la photographe a cadré, choisi l’angle, dénaturé l’œuvre du peintre. L’écrivain peut jouer. Va-t-il jeter sur le papier un peu de philosophie, de psychanalyse, d’idéologie, de théorie urbanistique ? Non. C’est l’appréhension de l’objet qu’il veut, comme le cartonnier a trouvé sa joie dans la conception du tableau, le peintre son plaisir dans le corps à corps avec l’échafaudage, les pots de couleur, le soleil ou la bruine. Ainsi l’écrivain s’imprègne de l’objet qui se donne à voir : la photo prise par la photographe.

L’œil des murs me regarde. Mon œil regarde les murs. L’efflorescence des couleurs, le vert criard des oies perdues, le rouge qui de sa fournaise éclipse l’enfer, la photographe a cadré, choisi l’angle, dénaturé l’œuvre du peintre. L’écrivain peut jouer. Va-t-il jeter sur le papier un peu de philosophie, de psychanalyse, d’idéologie, de théorie urbanistique ? Non. C’est l’appréhension de l’objet qu’il veut, comme le cartonnier a trouvé sa joie dans la conception du tableau, le peintre son plaisir dans le corps à corps avec l’échafaudage, les pots de couleur, le soleil ou la bruine. Ainsi l’écrivain s’imprègne de l’objet qui se donne à voir : la photo prise par la photographe.