Récemment :
N° 364, mars 2009 :
Pour Monique Dorsel.
Extrait :
C’est au théâtre-Poème que ça s’est passé, lieu mythique où tout arrive, où officie la blonde et inoubliable Monique Dorsel. Ce soir-là, je lui ai rappelé mon roman dubla ispita sau patimile dupa Alexis, paru en l’an 2000 sous mon nom, mais en langue roumaine (manière de pseudonyme) et que j’envisage de publier dans ma langue, mais… sous pseudonyme. Ce soir-là, je lui ai dit mes tergiversations, mes scrupules, mon manque de courage en somme pour en arriver, in fine, sous son amicale pression, à décider de publier ce roman sous mon nom. Aussi, je ne puis résister au plaisir de lui offrir un petit texte qui aurait paru dans le roman sous pseudonyme (sous X…), peau morte d’un lézard en mutation :
Isabel Ernest est mon pseudonyme. Moi, qui jusqu’ici ai répugné au pseudonyme, je me cache de ma famille car, je ne vous apprends rien, les familles n’aiment pas les écrivains. Elles épluchent chaque mot, la moindre virgule leur semble gonflée de sens, même si, comme c’est le cas pour Tentation, elles ne sont pour rien dans le roman. Pas l’ombre de mes proches. Un beau livre, c’est ma conviction intime, et nullement obscène. Un vrai roman de l’imaginaire mais qui pénètre les arcanes du désir. Désir, le mot est lâché, c’est ça, entre autres, que ne pardonnent pas les familles. Le désir en toute lettre, la mise à mot du désir et sa splendeur, c’est ça qu’on ne pardonne pas. Ce n’est pas tant de savoir si l’auteur a vécu ou pas vécu ceci ou cela, qui fait problème, c’est qu’il l’a écrit ! Ecrire les choses est la suprême transgression. Ecrire ces choses, sous son nom de surcroît, est le scandale. Comment ose-t-elle « Salir » notre nom ? pense la famille. « Tout ça » jeté sur la place publique, offert à la frénésie gourmande, « tout ça » avalé, digéré, transformé, métamorphosé, gonflé comme une montgolfière dans l’imaginaire du lecteur, « tout ça » qui, dès lors, dit cent fois plus que n’en dit l’auteur… Le mot, plus fort que la chose. Ah ! le pouvoir des mots ! Le pouvoir mystérieux de la littérature !
Je m’incline devant ce mystère, je ne salis pas mon nom, je prends un pseudonyme.
Devinez qui je suis.
- Précédemment :
- N° 154, mars 1986 : Le P.E.N. Club en effervescence
- N° 155, 15 avril 1986 : Ce qui demeure du temps
- N°157, octobre 1986 : Le look Jacques Antoine
- N° 159, décembre 1986 : Guyette Lyr.
- N° 160, janvier 1987 : travestissement et libertinage deux voyages au bout de la sexualité.
- N° 166, novembre 1987 : le journal intime le contraire du narcissisme ? Présentation .
- N° 169, septembre 1988 : des mots plein les yeux (sur la travestie d’Alain Roger)
- N° 170, octobre 1988 : Dominique Rolin trente ans d’amour fou, lecture intégrale.
- N° 175, avril 1989 : 20 ans de TXT, lecture intégrale de Commencement, Ch. Prigent.
- N° 176, mai 1989 : L’illusion, colloque à Calaceité.
- Mars 1990 entretien sur Rémission d’Alain Roger
- N° 195, mai 1991 : Noésis éditions. Avec Didier Coste et Pierre Sylvain
- N° 197, sept-oct 1991 : Didier Coste et Pierre Mertens.
- N° 206, octobre 1992 : peut-on vivre sans illusions ? (Entretien).
- N° 216, novembre 1993 : Gaëtan Brulotte.
- N° 232, septembre 1995 : Lettres, fax et machettes.
- Samedi 12 décembre 1998 :Maurice de Gandillac, entretien.
- N° 285, novembre 2000 : La passion selon Alexis, avec Pierre de Boisdeffre.
- Vendredi 14 décembre 2001 : Mémoire d’Hadrien (lecture intégrale)
- 19 février 2002 : Jean Baudrillard (entretien)