Extrait du chapeau :
… Je ne peux pas, nous écrit Mme Huguette de Broqueville, ne pas réagir à l’ignominie de la préface de la nouvelle édition d’Une paix royale, mon honneur et celui du PEN Club étant en jeu. De plus, les écrivains de ce pays doivent savoir qu’ils ont été royalement ignorés par Pierre Mertens et que je m’insurge contre ce fait. Mes pairs, les écrivains, seront sans doute heureux de lire le texte d’une personne qui n’a pas peur de dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Je serais dès lors reconnaissante à la Revue générale, de publier ma lettre ouverte à Pierre Mertens et je l’en remercie d’avance.
Extrait du texte :
Pierre,
Je suis plus apte à défendre les écrivains en danger ou emprisonnés pour délit d’opinion qu’à me défendre moi-même, mais, si je t’écris aujourd’hui, c’est parce qu’il s’agit de défendre l’honneur du PEN Club, et, plus largement, celui d’une grande partie d’écrivains belges mis en cause par la préface de la réédition, chez Labor, d’Une paix royale.
Cette préface, signé Guy Scarpetta, est véritablement stupéfiante. Si inexacte et injuste dans sa teneur et insultante dans ses termes, qu’elle ne mériterait que le dédain de ma part si j’étais seule, quasi nommément, concernée… Un lecteur non averti pourrait déduire que tous les écrivains belges sont des lâches, alors que tous, moi comprise, ont signé la pétition en faveur de la liberté d’expression qui, il y a dix ans, a circulé lors d’une séance mémorable au Théâtre Poème. Tes amis indéfectibles sont ignorés. Pas un mot dans cette préface à leur égard. Pas un nom cité de tes amis et confrères belges. Pas un mot pour le courage de certains qui, vu les circonstances, avaient pourtant beaucoup à perdre en signant…
Extrait de la préface signée Guy scarpetta :
… Car il (Mertens) n’a pu que constater autour de lui, à cette occasion, certaines bassesses, certaines lâchetés, dont il est peu probable qu’il les ait oubliées. Je songe à ceux, littéralement ignobles, qui ricanaient d’un tel procès, et ironisaient sur la « publicité » que cela faisait à l’auteur (ce même type d’ignominie s’était aussi manifesté à propos de Rushdie). Je me souviendrai toujours, pour ma part, de cette responsable belge d’une institution internationale dont la mission officielle est de défendre et de soutenir les écrivains persécutés, et qui a préféré, en arguant de ses bonnes relations avec la famille royale, se dérober à sa tâche, et à « lâcher » délibérément Mertens au moment où il aurait eu le plus besoin d’elle. Passons sur ces comportements méprisables. » Toute l’eau de la mer ne suffirait pas à laver une tache de sang intellectuelle » (Lautréamont).
Revue générale, Mars 2006.