Il est vivant. Il bouge en moi, il se nourrit de moi. Il voyage dans mon cœur, mes pensées, mon corps, dans chaque grain de ma peau, ce n’est pas une absence, c’est son corollaire, une présence dans tous les recoins de mon être. Imprégnée. L’absence ? On pourrait croire au vide, au manque, au creux, à l’éloignement, au silence, au froid, au désert, c’est un trop-plein, une excroissance, une tumeur qui vous dévore, fidèle, tenace, pernicieuse comme un vivant, avec le sourire, la parole, les mille petits bruits que fait le corps d’un homme quand il remue doucement dans ses vêtements, quand il croise les mains ou fume la pipe, quand il marche vers la fenêtre et qu’il regarde au dehors.
Noésis, Automne-hiver 1985